FX Bellamy : « Seule la culture commune garantit la paix civile »

Après la mort de Thomas, tué à Crépol, il faut sortir de toute urgence de l’aveuglement sur l’immigration et la crise de l’Éducation nationale, estime le philosophe et député européen LR François-Xavier Bellamy.

Après la mort de Thomas, tué à Crépol, il faut sortir de toute urgence de l’aveuglement sur l’immigration et la crise de l’Éducation nationale, estime le philosophe et député européen LR François-Xavier Bellamy. Seule la reconnaissance d’une culture commune peut, à terme, garantir la paix civile, ajoute-t-il.

Le déni tue. À Crépol, il a tué Thomas – comme avant lui Lola, Enzo, Alban, Mauranne et Laura… Ces morts ne sont pas le résultat d’une atmosphère, d’un climat qu’il faudrait subir sans rien pouvoir y faire ; elles sont le produit d’un déni de réalité, d’une impuissance organisée, d’une fuite en avant dont nos dirigeants ne sont toujours pas sortis. Et cette faillite a une seule source : le refus de reconnaître que la paix civile a pour condition de possibilité la reconnaissance d’une culture commune – pas seulement des règles abstraites supposées suffire au « vivre ensemble », mais l’appartenance à un héritage partagé qui nous oblige et nous relie.

Ce refus d’assumer le devoir de préserver et de transmettre cet héritage commun s’est traduit par deux conséquences dramatiques, dont Crépol devient l’un des signes : la folie migratoire, et la crise de l’école.

Parce que nos gouvernants ignorent et méprisent le fait même des identités culturelles, ils ont accepté, organisé, souhaité des mouvements migratoires d’une ampleur totalement inédite dans l’histoire de notre pays. Depuis plusieurs décennies, l’immigration extra-européenne a profondément transformé les équilibres de la société française ; ce mouvement s’est brutalement accéléré depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir en 2012, puis l’élection d’Emmanuel Macron – sur ce sujet comme sur tant d’autres, le macronisme est bien de gauche : le nombre de titres de séjour aura augmenté de plus de 70% pendant ces dix ans. Faire venir sur le sol français des communautés entières, c’était fatalement y importer des conflits communautaires. Les professionnels du déni ont bien tenté de faire passer le meurtre de Thomas pour une banale rixe à l’ancienne, une bagarre de fête de village, ou même une reprise de La Guerre des boutons ; mais comment ne pas voir l’évidence ? Si le pouvoir ne comprend pas ce qui se passe, pourquoi s’est-il obstiné à cacher des prénoms ? Aucun remède n’est possible à qui refuse d’affronter le diagnostic. Quand neuf témoins ont raconté que les agresseurs cherchaient à « planter des blancs » , comment ne pas reconnaître le conflit ethnique qui tue désormais en France ? Avec tant d’indices convergents, la justice aurait été plus prompte à admettre le mobile raciste si une autre couleur de peau avait été ciblée…

Ce scrupule injustifiable qui paralyse nos institutions aura immensément contribué au second échec de long terme qui conduit au drame de Crépol, l’effondrement de l’école. L’échec éducatif que vit notre pays est largement et précisément documenté ; la semaine dernière encore, le ministre de l’Éducation nationale annonçait que la moitié des élèves de quatrième ne savent pas lire correctement. Il est frappant que le lien ne soit jamais fait entre ces statistiques révoltantes et la violence qui ne cesse de monter. Les jeunes qui ont tué à Crépol, comme ceux qui en juillet dernier ont brûlé des dizaines d’écoles, ont passé des années sur les bancs de nos salles de classe. Si les idéologues de la déconstruction n’avaient pas retiré leur mission aux instituteurs, aux professeurs de ce pays, nous ne serions pas immunisés contre la violence bien sûr – aucune société ne le sera jamais totalement ; mais nous ne serions pas condamnés à subir le spectacle d’une brutalité massive née d’abord de l’abrutissement que l’ignorance laisse derrière elle. Là où la culture n’est plus transmise, comment s’étonner de voir surgir la barbarie ?

Le déni tue, il est urgent d’en sortir. Et pourtant nos dirigeants continuent d’accumuler les contresens ou les mesurettes inutiles. Les à-coups de la politique éducative depuis l’élection d’Emmanuel Macron auront enfoncé plus encore notre école dans la crise. Et son obstination à défendre une « politique de peuplement » par l’immigration rend de toute façon impossible la reconstruction pourtant vitale de l’unité nationale… Bien loin de l’avertissement de Gérard Collomb, le ministre Roland Lescure déclare qu’il faudra faire venir « 100 000 ou 200 000 étrangers » pour faire tourner l’industrie ; qui lui rappellera que sur chaque classe d’âge, nous perdons aujourd’hui 150 000 jeunes français, qui finissent sans qualification, sans formation et sans emploi ? Tous les problèmes sont liés, et s’aggravent quand ceux qui gouvernent refusent de les affronter.

La France est en état d’urgence. Les querelles byzantines que la majorité oppose encore aux mesures de bon sens qu’ont votées les sénateurs LR pour mettre fin à l’appel d’air migratoire montrent combien ce pouvoir restera incapable des décisions claires dont le pays a tant besoin. Jamais le gouvernement n’aura délivré autant de titres de séjour – 480 000 étrangers sont arrivés l’an dernier, un record absolu. Comme l’a démontré Pierre Brochand, il est vain de prétendre reconstruire l’école, les institutions, l’assimilation à la communauté nationale, avec de tels chiffres d’arrivées chaque année. C’est la raison pour laquelle LR a proposé, avec Éric Ciotti, Bruno Retailleau et Olivier Marleix, une proposition de réforme constitutionnelle qui seule pourrait permettre enfin un changement de nature de notre politique migratoire, rendre effective la maîtrise de nos frontières, mettre fin à la prime à l’illégalité que constituent les régularisations, redonner aux Français le pouvoir de décider par référendum de la politique migratoire. Ce projet est cohérent avec la bataille que nous menons au plan européen pour que nos États retrouvent leur capacité d’agir, une fois de plus, malheureusement, contre les élus de gauche et du groupe macroniste – qui voudraient par exemple rendre encore plus difficile l’expulsion des migrants illégaux.

Le temps presse pourtant ; pour sauver les conditions de possibilité de la démocratie, de la vie civique, de la paix civile, c’est maintenant qu’il faut agir, en mettant fin aux flux migratoires qui ont creusé toutes les fractures de la société française, et en reconstruisant notre école. Ces deux causes n’en font qu’une, celle de la culture commune qui peut seule nous réunir. Bien d’autres défis nous attendent ; mais pour pouvoir les relever, il est d’abord nécessaire de redevenir un pays.

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